Comment es-tu devenu artiste ? Quand as-tu commencé dans la rue ?
J’ai beaucoup dessiné avec ma mère lorsque j’étais petit. Je m’en suis un peu éloigné durant mes études supérieures, jusqu’à ce qu’un soir un pote achète des bombes de peinture. Aller peindre dans la rue a été une claque, on se sentait puissant. Après y être allé une deuxième puis une troisième fois, l’adrénaline est devenue une sorte de drogue, car agir de nuit était addictif. Lorsqu’ensuite on recroise ses peintures en plein jour et qu’on commence à repérer le travail des autres, la machine est lancée. Même si ce côté un peu artiste avait toujours été présent, je me suis ainsi remis à fond au dessin à vingt-deux ans, car le fait d’avoir découvert la bombe a nourri mon travail sur papier et réciproquement, les deux se complétant. Le deuxième point de bascule a été d’habiter à Athènes, à Montréal et à Marseille. Ces villes ont une culture folle du Graffiti et de l’Art de rue. Athènes a été une claque monumentale dans le rapport décomplexé des gens à cela : dans le quartier anarchiste on peut peindre à n’importe quelle heure sans être stigmatisé par le fait de tenir une bombe dans la main et j’y allais toutes les nuits avec un pote. Si l’on rajoute à cela les murals de Montréal, ces villes m’ont non seulement concrétisé en tant qu’artiste, mais également donné envie d’y croire.