Quelque part l’écriture occupe donc une place très importante dans ton dessin.
Quand je dessine un personnage, mon singe par exemple, je lui attribue des artefacts, comme un casque d’astronaute « d’un futur vu des années 70 », et en le dessinant, je me dis qu’il pourrait voyager dans le temps. Lorsque le dessin est achevé, j’ai donc un personnage qui existe physiquement, mais pour lequel j’ai aussi développé une histoire et une chronologie. Je sais quand il est né, ce qu’il a vécu, pourquoi il est intelligent et comment il se retrouve dans l’espace. Après l’histoire est bonne ou pas, mais elle existe.
Quand je croise les gens dans la rue, je leur invente des vies : tel est psy, tel autre n’a pas eu une bonne journée. J’ai envie de le partager, et c’est pour ça que j’ai continué à dessiner, à écrire des histoires. Lorsqu’on travaille sur une bande dessinée ce n’est pas pour le garder pour soi. Mon premier personnage s’appelait Bidael, un petit angelot, avant qu’apparaisse Inkman, un mutant qui avait des tentacules sur la gueule et une vie de merde.