Pourquoi avoir choisi de pratiquer le pochoir sur du papier, alors que le collage n’est pas une technique aussi pérenne ?
La première raison est technique : mes pochoirs ont cinq layers (quatre gris et un noir) et pour les réaliser directement sur le mur il faudrait que je sois en mesure de faire sécher les couches les unes après les autres, ce qui demanderait beaucoup de place et de temps. Travailler sur du papier très fin, qui s’incruste et s’adapte à toutes les anfractuosités, rend mon travail presque aussi pérenne: certaines pièces n’ont pas bougé depuis cinq ou six ans. J’utilise pour cela de la nappe en papier, suivant un conseil qui m’avait été donné par Jef Aérosol. Avec le temps, celui-ci va prendre une texture qui me plaît, s’arrachant par petits bouts, avant de disparaître avec panache, transformant progressivement l’œuvre.
De façon plus pratique, cela me donne la possibilité de venir en sac à dos sans transporter tout mon équipement, ce qui serait trop compliqué. Dans certains quartiers je ne pourrais pas travailler car il me faudrait une heure pour superposer les différentes couches, sans compter le vent qui risquerait de faire s’envoler les pochoirs et le manque de place pour faire sécher les matrices.