De la même façon que Jean Rustin, tu représentes l’humanité à nu de façon brutale, presque misérabiliste.
Je pense qu’un artiste doit avoir des choses à dire, sinon c’est un décorateur. Jean Rustin a une vision qu’il doit à sa propre vie, mais il n’a jamais par voulu qu’on l’interprète comme ça. Il a perdu un enfant, est allé dans des hôpitaux psychiatriques. De fait il a une façon de dire les choses, de peindre sa vision de l’humanité, son histoire.
Je pense que par certains aspects je me retrouve dans cette façon instinctive de procéder: j’ai besoin de sortir des choses – qui sont beaucoup moins fortes et belles que celles de Jean Rustin – et de les dire sans analyser. Je m’interroge beaucoup sur tout ce qui se passe et nous entoure. Je ne suis pas insensible, au contraire je pense que tout a un lien. Quand on ne peut dire les choses par le verbe et qu’on les exprime par le dessin, elles ressortent parfois plus dures et plus frontales.
Je ne suis pas dans l’auto-analyse. Ce qui m’intéresse c’est le regard de l’autre sur mon travail. Pourquoi un personnage est nu ou habillé, je n’en sais rien. Dans ma vision, à ce moment précis il faut qu’il soit comme ça.