romain froquet
Une ligne pour réunir le geste et la couleur
Ceci est une introduction : saint oma street art.
“Les couleurs sont pour moi la première chose qui interpelle. Elles véhiculent instantanément des émotions, racontent des histoires. Je ne peux pas détacher la couleur d’une œuvre.”
parcours
Tu réalises tes premiers pas artistiques au sein du collectif le 9ème Concept.
Ma première rencontre avec Stéphane Carricondo et le collectif date de 1998/1999 en Charente-Maritime. Je suis en terminale, au lycée, et durant l’exposition Sang 9 je découvre un film de Ghislain de Vaulx : ce sont eux qui me donnent envie de venir à Paris. Ne sachant pas quoi faire l’année suivante, j’arrive dans la capitale à dix-huit ans, rêvant secrètement d’intégrer le collectif, car j’ai l’impression que c’est par là que passe mon chemin. Ce sont alors des artistes plus âgés que moi, expérimentés, avec des styles déjà affirmés. Je les sollicite et ils m’autorisent à venir à l’atelier pour les regarder travailler, pour faire mon bonhomme de chemin avec et grâce à eux. Ils deviennent alors pour moi une famille, des professeurs et des amis. A l’intérieur de ce collectif je me sens protégé, ayant tout le temps d’apprendre et d’essayer, même si je n’ai pas encore de style propre. J’observe beaucoup, étant très curieux, fréquente les musées et découvre alors un nouveau monde à travers les collections d’Art primitif. Mes premiers travaux sont ainsi très empreints de tribal, de masques, avec un rapport évident à l’Art africain. Les années passent et j’essaie des choses plus réalistes avec des portraits figuratifs. Tout ce parcours s’inscrit dans un processus d’apprentissage. Vers 2008 je commence réellement à poser une écriture, mon but étant alors de trouver ma propre identité, d’être reconnaissable et de pouvoir me définir en tant qu’artiste. Cela me semblait une nécessité pour pouvoir m’émanciper. Il aura fallu une dizaine d’années pour que je mette de côté le figuratif et aille vers une écriture beaucoup plus abstraite que je développe encore aujourd’hui, très empreinte d’influences calligraphiques, de tribal, avec un travail sur la ligne et le symbole comme le chiffre 8, symbole de l’infini mais aussi de la Terre.
TORDRE LA LIGNE : UNE RÉSONANCE CALLIGRAPHIQUE
On sent encore aujourd’hui une forme de tension dans ton travail entre cette dimension abstraite et un reliquat figuratif. Tes arbres conservent ainsi encore une forme.
Ce mot est très bien choisi, car j’ai tendance à parler de tension de la ligne : ma quête absolue est la recherche de l’harmonie dans la création. Trouver cet équilibre passe par une tension, ne souhaitant pas trop de rondeur mais refusant la ligne droite, non parce que je ne l’aime pas mais parce que mon abstraction est très empreinte de symbolisme. Le chemin le plus court entre deux points n’est jamais pour moi une ligne droite, qui n’existe que de façon schématique. Je pense que dans la vie, pour aller quelque part, nous empruntons toujours des routes ou des chemins différents et c’est pour moi ce que raconte la courbe. Par ailleurs, le symbole de l’arbre s’est presque imposé à moi : en quittant la figuration, je trouvais qu’il y avait alors dans mon travail quelque chose de très organique, presque végétal, une piste que je devais développer. L’arbre marque la connexion avec la terre, l’enracinement et les racines, d’où l’on vient mais aussi où l’on va, pour permettre une émancipation qui rejoint le ciel. Mon travail est très porté sur cette idée, ainsi que sur le lâcher prise et les sensations. Plastiquement, c’est un cadre qui me permet d’expérimenter thématiques et émotions. Mais il reste cependant un combat, lâcher l’envie de figurer quelque chose. Nous sommes dans un monde où il est nécessaire de tout expliquer et l’abstraction se révèle finalement assez complexe en termes d’accessibilité et de compréhension. C’est pour ça que j’utilise des subterfuges comme les routes (Highway), qui vont m’aider à servir ma ligne et mon propos.
Un motif fermé comme celui de l’arbre reste de l’ordre du cadre pré-imposé. Or, on a parfois l’impression que ces lignes cherchent à s’échapper : elles donnent une dynamique à la peinture tout en devenant parfois élément de composition.
L’arbre est complètement fermé, c’est un dessin. Or, ce que je cherche à peindre n’a pas une forme prédéfinie, c’est un fluide, une énergie. Pendant un moment, je me suis ainsi demandé si mon travail ne relevait pas plutôt d’une cartographie abstraite des connexions. En effet, une connexion peut être un câble électrique qui transmet du courant, une racine ou une route. Il y en a une entre nous deux qui est impalpable mais qui existe bel et bien. Ce qui m’intéresse c’est tout ce que l’on ne voit pas, ce que l’on ne peut expliquer, pour essayer de le matérialiser. Est-ce nécessaire ? J’ai le sentiment que les êtres humains sont tous connectés les uns aux autres, que nous appartenons à la même espèce. Mais nous oublions ce lien invisible, car nous avons tous notre vie à vivre. N’est-il pas paradoxal de vouloir se connecter à l’autre alors que le plus important est notre propre développement ? Nous faisons partie d’un ensemble connecté à la Terre. C’est de là qu’on vient et là qu’on retournera. Pour ma part, j’ai envie de façon très abstraite de raconter cela. Mon travail tourne ainsi plus autour du questionnement que de l’affirmation. Je pense que l’artiste à un rôle important dans la société, celui d’une éponge qui capte tout pour le faire ressortir à sa façon. Il doit avoir de la distance, étant là pour observer, ayant à la fois un pied dans le monde et un pied en dehors. Alors son travail se fait témoignage, que ce soit en 2020 ou en 1950, avec des sensibilités et des histoires à raconter très différentes.
A travers la notion de calligraphie se pose aussi la question de la répétition, de la capacité à évoluer en partant toujours du même endroit.
C’est une vraie démarche en soit : les calligraphies chinoise ou japonaise témoignent d’une gestuelle qui s’effectue depuis le plus jeune âge. La répétition d’un mouvement, d’un dessin ou d’un motif conduit à détacher l’esprit de l’action. A force de refaire, on ne réfléchit plus à ce que l’on fait, on le fait. Cela entraîne une plus grande pureté du geste, une ligne en harmonie avec qui l’on est et l’endroit où l’on se trouve. Peindre au sol est ainsi pour moi une expérience forte, les deux pieds ancrés dans la terre. C’est une pratique qui s’apparente à la calligraphie, même si elle n’est pas plastiquement ou visuellement comparable. On aboutit alors à un geste très personnel, presque naïf.
Considères-tu être à la recherche du geste parfait ?
Je ne recherche pas la perfection du geste, du trait ou de la ligne, mais l’harmonie. Ce sont deux choses différentes mais finalement très proches, qui posent la question de ce qu’est la perfection. Or, je me rends compte que l’harmonie raconte davantage et offre plus de profondeur. Là où la perfection conduit à un jugement de valeur, elle mène à un ressenti. Il faut pour moi qu’une ligne soit fluide et sans accro, mais il arrive parfois qu’il y ait des coulures, ou d’autres éléments parasites que je ne souhaite pas, mais cela n’est pas grave car à force d’avoir répété ce geste des centaines de fois il est comme il doit être : c’est pour cela que je pense que l’harmonie est le plus important.
On pourrait également rapprocher cela de la musique ou de la danse, arts dans lesquels la répétition permet d’atteindre une dimension supplémentaire.
Par la répétition l’esprit sort de l’enveloppe corporelle. Cela demande des années de pratique pour arriver à réussir à être un peu libre dans ce que l’on fait. Cette recherche de la liberté de mouvement, et par elle de liberté de création, est une quête personnelle. Le conflit entre figuration et abstraction se joue peut-être aussi ici : plus je parviens à me lâcher, plus je tends vers l’abstraction et des lignes qui n’ont ni début ni fin, sinon le seul support.
LA VIBRATION DES COULEURS
Tes couleurs entretiennent un rapport particulier avec la ligne qui s’y oppose tout en les segmentant, portant presque en elle l’idée du nuancier.
La ligne cloisonne d’autant plus que je la peins souvent en noir à l’encre de Chine. Ce choix du noir s’est imposé à moi car au sein du 9ème Concept il y a tout un travail sur le cerné, qui peut avoir des influences en bande dessinée, mais aussi dans la Figuration libre avec des artistes comme Robert Combas qui ont beaucoup influencé mes pairs. C’est aussi une couleur qui est pour de multiples civilisations un symbole de la Terre et c’est pourquoi je l’ai conservée. Quand je travaille la couleur par rapport à la ligne se pose effectivement la question de la délimitation, car si la ligne pose une volonté de relier deux points entre eux, la tracer établit également une frontière. Ce paradoxe de la ligne qui relie et divise me fascine et je n’ai pas fini de l’explorer. Aujourd’hui, cette ligne noire prend moins de place dans mon travail, mais cela ne veut pas dire que je la mets de côté : je questionne simplement d’autres choses, comme la transparence et le mouvement.
Ton travail comporte une recherche constante sur la façon de faire vibrer les couleurs entre elles.
Les couleurs sont pour moi la première chose qui interpelle. Elles véhiculent instantanément des émotions, racontent des histoires. Je ne peux pas détacher la couleur d’une œuvre. Certaines sont très spontanées, naturelles, comme le noir ou le bleu qui revient toujours, même si je tente de m’en détacher. Ces choix sont cycliques : j’ai commencé en travaillant les ocres, reliés à la terre, et le bleu fut ensuite issu d’une volonté de questionner la lumière. Il peut évoquer des choses très différentes : le bleu clair, ou le pastel, amène à l’évasion, au bien-être et à la douceur, alors que le bleu sombre est parfois plus dur que le noir. L’idée du camaïeu est aussi importante car lorsque je choisis une couleur il faut que je l’explore jusqu’au bout : le rouge je le porte jusqu’au rose, le bleu des océans jusqu’au ciel. Il y a pour chacune d’entre elles une exploration afin de trouver la note qui la mettra en valeur. Je vais ensuite chercher la couleur complémentaire, qui peut ne pas être toujours la même, qui permet à ce camaïeu de ne pas être monochrome. Cette vibration est essentielle pour apprécier la teinte de départ. La couleur est pour moi quelque chose d’inné, sans arrière-pensée : elle dépend du moment, de mon humeur, de l’état de la société. Je me considère d’ailleurs plus coloriste que dessinateur ou peintre. Pendant le confinement je ne me sentais pas bien du tout. J’avais un atelier à côté de chez moi et tout ce qu’il fallait pour peindre mais je n’y arrivais pas. C’est ainsi que j’ai réalisé que la société et l’époque dans laquelle nous vivons m’inspirent beaucoup plus que je ne le pense. A l’issue de cette période j’ai réussi à peindre de nouveau, partant sur des palettes de couleur que je n’avais jamais exploré : des toiles solaires exprimant un besoin de lumière et de vitalité.
RÉFLEXIONS PARALLÈLES
Ces recherches sur la répétition et la couleur dialoguent-elles ou évoluent-elles parallèlement ?
Je pense que le mot dialogue est le bon. Mon travail est un tout composé de multiples choses qui dialoguent entre elles : réfléchir sur le monochrome servira derrière à travailler la couleur, de la même façon que réaliser une façade d’immeuble peut aider à peindre une petite toile. Il y a ensuite des envies de couleurs, de lignes, de noir et blanc, mais je pense que plus un artiste a de cordes à son arc plus il peut interroger différents domaines. Je ne crois pas avoir un champ très large de techniques, mais cela me convient très bien car je peux ainsi me concentrer sur ce que je vise.
Le mouvement occupe désormais une place centrale, la ligne et la couleur se mélangeant.
Je travaille désormais la couleur à l’aide de superpositions et de transparence qui redessinent de nouvelles lignes, les retrouvant toujours à nouveau. Sans vouloir abandonner un style pour tendre vers un autre, je pense que c’est une suite logique, car l’être humain est toujours en mouvement. Nous avons tous nos angoisses, la mienne est d’être à l’arrêt, que les choses soient figées. De ce sentiment découle ce travail sur la ligne, le fluide et les connexions, avec d’autres dimensions comme le temps qui se trament en arrière-plan. J’ai abordé des séries dans lesquelles je questionne le temps qui passe, travaillant la rouille pour essayer d’en figer le processus d’oxydation. Mais cela n’est pas possible, on ne peut arrêter le temps. Mes travaux sur différents supports tentent ainsi de capturer ces lignes, de les bloquer pour les mettre dans un tableau. Cette tentative de faire pause, de figer les choses, pose encore la question de ce qui est en mouvement et de ce qui ne l’est pas.
LE CADRE DE LA RUE
En quoi la rue est-elle pour toi un espace de création particulier ? S’inscrit-elle dans une démarche collective ?
Travailler dans la rue s’est inscrit dans ma phase d’apprentissage, puisqu’en rejoignant le collectif j’ai intégré une école qui s’autorise à peu près tout. Il n’y a pas de cadre, de mode, de choses à faire ou à ne pas faire. Cette découverte s’est faite progressivement, à travers les actions du 9ème Concept, qu’il s’agisse de collage ou de stickage. Plus tard, la découverte de la fresque murale fut une libération, car changer de dimension me donna le sentiment de changer de support et par là-même de technique. J’avais alors l’impression que ma ligne était réservée à la toile et ce passage à la rue l’a libérée, comme si elle était jusqu’alors en cage. En atelier j’étais très porté sur un mouvement du bras et de la main, mais lorsqu’on travaille un mur les gestes sont nettement plus amples, le corps entre en scène à travers le déplacement.
Qu’offre-t-elle que ne possède pas l’atelier ?
La rue m’a permis de travailler sur des supports complexes, difficilement praticables. Les murs ne sont pas des feuilles blanches comme celles de l’atelier. L’espace urbain offre une interaction avec des gens qui passent et discutent, des échanges qui nourrissent la réflexion en la questionnant. Au début on ne sait pas quoi répondre, mais au bout d’un moment l’on finit par s’interroger. La rue m’a ainsi aidé à me construire, à comprendre et faire comprendre mon travail, à la façon d’un miroir. Elle s’est ainsi révélée complémentaire à l’atelier : ce dernier est en effet une bulle que l’on se construit. Pour moi c’est un temple, un endroit dans lequel je me sens bien seul, où je partage peu de moments d’intimité. A l’inverse, on s’expose dans la rue, on se montre aux autres, on se met en danger, même si je n’y fais pas d’actions vandales. A l’inverse d’artistes qui agissent ainsi, j’ai besoin de confort, d’avoir le temps de travailler à rebours de l’illégalité qui serait un frein. On prend néanmoins un risque en montrant son travail à des gens qui ne l’ont pas demandé, en faisant un don à un quartier, à des habitants, à une ville. Je considère ainsi qu’une action dans la rue est un témoignage, une trace qu’un artiste laisse et qui ne lui appartient plus, alors que la toile est un nouvel objet créé.
Comment as-tu glissé du collage aux peintures directes en extérieur ?
Cela s’est fait progressivement : je collais des peintures réalisées en atelier car cela était rapide, facile et efficace, même si j’en ai finalement réalisé peu par rapport à beaucoup d’autres artistes urbains. Je n’ai pas eu cette volonté de recouvrir Paris avec des arbres. C’était une série, un passage vers la peinture murale. Mais j’y reviendrai probablement, car c’est une étape que je n’ai pas fini de questionner.
La rue transforme aussi le rapport de l’artiste au temps en rendant la pièce éphémère.
L’important est que l’énergie, la mentalité, l’état d’esprit dans lequel on est soit le même. Peindre un tableau, réaliser une installation ou un collage urbain fait pour moi partie d’une même démarche. J’ai été très vite influencé par des artistes pour lesquels collaborer avec une marque, préparer une exposition ou réaliser un collage en extérieur revenait au même. J’ai alors compris que l’important était d’aller là où en avait envie. Le fait que cela soit éphémère ou pas n’a pas d’importance. Même si cette notion est très présente dans la rue, tout est en réalité éphémère : ma toile le sera tout autant, seule l’échelle de temps change.
INTERVENTIONS URBAINES ET DIALOGUE ARTISTIQUE
A travers le 9ème Concept, tu as été habitué à une forme de dialogue artistique. Or, dans l’espace urbain, la nature de ce dialogue se transforme, car le rapport aux autres artistes n’est plus choisi et passe par une cohabitation dans l’espace.
Avant que ce soit avec d’autres artistes, un dialogue s’opère déjà entre mon travail et la rue, l’immeuble, ou le mur, entre les lignes, les couleurs et un élément architectural conçu et pensé par rapport à son environnement. Quand je prépare un projet urbain, j’essaie toujours d’aller voir à l’avance l’endroit pour composer ma palette de couleurs en fonction. Mais j’essaie aussi d’aller dans des lieux qui ne comptent pas trop d’œuvres, car il est plus intéressant de se trouver à des endroits où on ne nous attend pas. Par ailleurs, je participe à beaucoup de festivals dans lesquels les murs sont côte à côte et la cohabitation automatique. Si des pièces sont déjà installées, j’essaierai de créer un dialogue avec elles en discutant avec les autres artistes et en les regardant travailler. Cela tient aussi à la façon dont j’ai appris à créer avec le collectif. Le patchwork que l’on retrouve dans la rue aujourd’hui raconte une histoire, mais je ne trouve pas qu’il soit très esthétique. Je comprends le besoin qu’ont les artistes d’exister, mais cela pourrait aussi se traduire par d’autres mediums comme le sticker.
As-tu l’impression de faire partie d’un courant artistique ?
Beaucoup de gens me demandent si je me considère comme street artiste. Que je le veuille ou non c’est un fait, l’Art urbain est bien évidemment un mouvement. J’ai tendance à le connecter à l’Art contemporain, dont il serait une composante. En prenant un peu de recul, on peut considérer que ce mouvement n’est plus si jeune, qu’il a beaucoup évolué pour être riche de pratiques aussi diverses que le Graffiti, le pochoir ou le Street art. C’est génial d’être acteur de cette évolution, de prendre part aux débats sur son (in)existence. Il descend en droite ligne du Pop art et pour moi nous sommes tous enfants de Keith Haring, qui a brisé une multitude de codes en allant peindre dans la rue parce qu’il en avait envie. Il y a aujourd’hui profusion d’images et d’artistes, en dialogue constant avec un public qui répond présent et ouvert à l’échange : c’est un mouvement populaire. Sans aimer les casquettes, je suis un artiste qui évolue dans le domaine de l’Art urbain. Mais mon travail ne se limite pas à cela ou au fait de peindre des murs : il consiste à expérimenter et découvrir le monde dans un processus continu sur une vie entière.
Selon moi le 9ème Concept se rapproche presque davantage du rassemblement que du collectif : les parcours personnels des artistes membres se poursuivent en parallèle de l’évolution du groupe.
Je me suis développé à travers ce collectif, je m’en suis émancipé, peut-être même quitté à un moment donné, mais il a toujours représenté ma famille artistique. Il a grandi de son côté et j’ai évolué en parallèle, mais tout en nous observant, ce qui fait que je me suis toujours senti soutenu. En tant qu’artiste on recherche souvent la solitude, qui traduit un besoin d’exister, mais appartenir à une entité rend encore plus fort. Au-delà, lorsque le collectif est mis en avant c’est aussi de nous dont on parle. Nous avons tous des choses à raconter individuellement mais nous pouvons aussi le faire ensemble. Dans ce monde solitaire, le fait d’appartenir à une famille artistique est une chance. Au sein du 9ème Concept, nous possédons cette histoire commune : c’est un exemple qui traduit une particularité de l’Art urbain à savoir le besoin de se regrouper qui démystifie le mythe du créateur nécessairement malheureux. Les artistes sont accessibles, montrent le processus créatif par la performance, établissant une proximité au monde propre à ce courant.
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Photographies: Romain Froquet
Vous pouvez retrouver Romain Froquet sur Facebook, Instagram et son site internet.
Entretien enregistré en septembre 2020.
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