Fred le Chevalier

fred le chevalier

Ode aux épopées silencieuses

Ceci est une introduction : saint oma street art.

“Au tout début, lorsque je me suis fixé sur un personnage, je l’ai dessiné pendant trois ans allant uniquement de la droite vers la gauche, l’accompagnant de phrases encourageantes ou de questions, même si j’ai toujours eu peur que ces dernières ressemblent à des consignes de développement personnel insupportables. Petit à petit, je lui ai ajouté des objets, des symboles. J’ai ensuite développé d’autres personnages, des portraits, des animaux, des monstres, qui gravitent autour.”

PARCOURS

Comment êtes-vous devenu artiste ? Quand avez-vous commencé dans la rue ?

Je considère la rue comme l’un de mes mediums, je n’y crée pas directement. J’y apporte mes dessins et m’y promène. Si on me connaît généralement par ce prisme, ce n’est pas le point de départ ni de destination : juste une passion parmi un ensemble.

Comme tout le monde j’ai dessiné enfant, comme la plupart j’ai laissé ça en cours de route, ne griffonnant que sur des coins de cahier. A trente-trois ans, alors que je vivais un moment un peu compliqué, je me suis remis à dessiner pour m’exprimer, dans une forme de reconquête de quelque chose oublié. Je l’ai fait comme on tient un journal intime, sans me projeter sur la possibilité d’exposer ou d’en faire un métier. Je les ai montrés et offerts à mon entourage et un copain illustrateur m’a incité à ouvrir un compte Myspace pour les présenter à plus de personnes. A l’époque, quand quelqu’un aimait un dessin, je le lui envoyais par la poste, car cela me faisait plaisir qu’on y soit sensible. Je trouvais aussi plus intéressant d’avoir un dessin dans la nature plutôt que dans un tiroir. Les personnes à qui j’en envoyais me répondaient souvent en retour par une photographie le montrant en situation ou simplement chez eux sur leur mur. J’appelais ça des dessins voyageurs, portés par l’idée de promenade et de mouvement. La rue s’est greffée à cette pratique car, toujours sensible à ce que je voyais, et aimant découvrir la ville en marchant, j’ai commencé à réaliser des collages à la fois comme une expérience et comme un amusement. Cela m’a beaucoup plu, j’aimais l’idée de laisser ainsi des repères pour soi, au point de me laisser un peu avaler par cette pratique au cours d’une phase dans laquelle je dessinais pour pouvoir coller, de façon assez frénétique. Au début, je refusais de faire des expositions, car j’ai du mal avec le mot artiste et je pensais que mes dessins ne pouvaient exister dans cet univers, qu’ils n’avaient pas cette légitimité. J’ai fini par le faire dans un bar du onzième qui se nommait le Houla Oups !, un cadre que je trouvais sympathique. J’ai continué, avant que cela aboutisse à une phase d’usure professionnelle qui m’a contraint à l’abandonner. Je vivote uniquement du dessin, d’interventions, d’ateliers, de vente d’originaux et de sérigraphies depuis dix ans, avec la part de précarité et d’incertitude que cela implique. Je ne suis pas vraiment persuadé d’avoir fait le bon choix en ne cherchant pas un autre boulot à l’époque.

DES HISTOIRES AU TRAIT FLUIDE

On a l’impression de voir dans votre travail une recherche constante visant à la perfection du trait. Le repentir n’étant pas visible, on ressent la volonté de tracer quelque chose de signifiant avec la plus grande fluidité, le moins de lignes possible.

Au départ, je ne réalisais pas de recherches, pas d’étapes intermédiaires au crayon de papier. J’avais des feutres et dessinais très vite, de façon plus instinctive, compulsive. Un dessin me prenait quelques minutes, avec une naïveté et une impulsivité qui rappelait l’Art brut. Le passage au noir et blanc ainsi que la recherche sur le trait s’est effectuée progressivement : j’ai alors gagné en qualité de ligne et en densité ce que j’ai perdu en spontanéité. Cependant, je fais aussi beaucoup de dessins très fouillés, avec beaucoup de motifs, de formes, c’est une direction qui m’intéresse même si je crois que les épurés sont meilleurs. Ce qui est certain, c’est qu’il y a toujours une recherche d’harmonie et d’équilibre, qui passe chez moi par un trait fluide. Plus le dessin est simple, plus il doit être précis.

On peut également voir à travers ces motifs répétés une forme d’exorcisme.

Au tout début, lorsque je me suis fixé sur un personnage, je l’ai dessiné pendant trois ans allant uniquement de la droite vers la gauche, l’accompagnant de phrases encourageantes ou de questions, même si j’ai toujours eu peur que ces dernières ressemblent à des consignes de développement personnel insupportables. Petit à petit, je lui ai ajouté des objets, des symboles. J’ai ensuite développé d’autres personnages, des portraits, des animaux, des monstres, qui gravitent autour. Le premier texte de présentation d’exposition qu’avait fait Eko Sato, galeriste et amie, disait qu’il y avait dans ce travail quelque chose de très obsessionnel, de maniaque, d’un peu fou. Ce qui a été écrit il y a dix ans est toujours d’actualité. Je travaille toujours la répétition et, si on n’est pas sensible à l’un de mes dessins, on risque de n’en aimer aucun. Un exorcisme, clairement.

Cette répétition est en elle-même porteuse de sens.

Oui complètement, ça répond toujours à ma difficulté à me poser, j’atterris avec cette répétition dans un cadre familier, répétitif et protecteur à la fois. J’essaie d’y poser quelque chose, cela revient peut-être à dérouler un récit sur la durée, donner un cadre à une parole. La dimension collage fait de cette cuisine un journal intime un brin impudique. Le fait de me consacrer uniquement au dessin, d’exposer, a quand même changé la donne puisque c’était un espace sans penser ni analyser : les montrer a amené des interrogations, des retours.

Votre dessin se caractérise aussi par son style faussement naïf.

Je pense qu’au début il était réellement simple, mais j’étais alors dans une période noir foncé.  C’est parfois compliqué lorsque des personnes me disent que mes dessins sont mignons, ou dressent de moi un portrait dans lequel j’aimerais le jazz et la musique classique, lire de la poésie et accrocher des cadenas sur les ponts. Cette incompréhension n’est pas gênante en soi mais le terme de « faussement naïf » que tu emploies me fait plutôt plaisir. Je crois que mes dessins sont face au monde, dans le monde avec l’envie d’y échapper, de chercher un autre espace.

Quant au style justement, cela me rappelle le travail d’un artiste au trait simple que j’avais découvert en commençant à dessiner. En voyant ces créations me faire rire, je me suis dit qu’il était abordable de commencer sans avoir une technique immense. Je n’ai pas voulu prendre de cours pour apprendre à bien dessiner mais faire avec qui j’étais et ce que je pouvais faire. L’idée première était de se décharger tout en conservant une approche assez poétique. C’est une arme, mais c’est aussi un handicap de ne pas avoir de formation aux Beaux-Arts, de ne pas savoir peindre de perspectives. Il m’arrive de vouloir pousser mon dessin dans des directions dont je suis techniquement incapable, notamment en souhaitant le rendre plus adulte.

Le noir et blanc fonctionne comme deux éléments qui se complètent et s’entremêlent.

C’est un langage à part : c’est toujours agaçant lorsqu’on me demande pourquoi il n’y a pas de couleur. Je comprends qu’on y soit moins sensible, il faut peut-être rentrer plus à l’intérieur du dessin et prendre le temps de se poser dessus, mais c’est une forme que je trouve intéressante, à la fois pleine et déliée. Tout comme le dessin, il est peut-être un peu moins abordable. C’est arrivé que des personnes souhaitent que je repasse ainsi sur des sérigraphies ou des dessins. Son existence est assez distincte de celle du collage de rue qui peut être grand, coloré, dans un environnement affectif pour le passant. A l’inverse, un papier noir et blanc encadré pour une exposition peut paraître plus intimiste, voire austère.

Votre recherche semble ainsi passer davantage par le trait que par la couleur.

Ce sont des langages, et si je retentais d’utiliser la couleur je prendrais des crayons pour être complètement dedans. Mettre de la couleur sur mes dessins originaux comme je peux le faire dans la rue n’aurait aucun sens, ce serait du coloriage. Ils sont pensés en noir et blanc. Le blanc étant une lumière, et mon travail portant sur le contraste, cela reviendrait à les colorier.

LA PART DU CONTE

Quel est votre rapport au conte ? Votre nom, mais aussi la poésie qui se dégage de vos œuvres renforcent cet aspect.

C’est une question difficile. J’ai grandi en lisant beaucoup de romans historiques, policiers, de science-fiction. J’aime les histoires : mes dessins sont entre le rêve et le cauchemar, à la recherche de mouvement, mais aussi d’un espace de protection, d’une bulle. Il peut y avoir des menaces, le personnage peut être abîmé, mais quelque chose le/me/nous protège. Il peut exister une forme d’épopée silencieuse et minimale, de l’ordre de la non-aventure, de mes (ou de nos) petits périples, qui s’imbriquent les unes avec les autres. Je n’ai pas encore réussi à travailler un récit ou un texte poétique long.

Le nom chevalier, figure symbolique par excellence, porte déjà en soi une déclaration d’intention. 

J’utilise beaucoup de symboles, notamment les monstres ou les minéraux, que je perçois comme des porte-bonheurs enveloppants. Quand je dessinais chacun de ces objets pour la première fois, il venait alimenter un coffre imaginaire dans lequel je partais ensuite puiser. J’ai ce nom depuis que j’ai Myspace : c’était une facilité et il ne portait pas en premier lieu d’intention artistique, sinon une note d’humour entre la grandiloquence du terme et le côté ridicule qu’il peut prendre. Dans un film comme Sacré Graal, le chevalier, ramené en permanence à l’absurde, est une forme de Don Quichotte.

Quel est votre rapport au masque ? Vos personnages sont complètement neutres, comme une façade dont on ne perçoit pas l’arrière. Dans l’ombre se dissimule le monstre.

Quand j’ai commencé à rencontrer des gens et à répondre à des questions, j’ai trouvé à la fois intéressant et détestable qu’on me renvoie toutes ces interrogations. Cela amène à réfléchir même si ce n’était pas forcément ce que je recherchais. Pourquoi vos personnages sont-ils androgynes ? Ont-ils l’air de porter des masques ? Je ne fais pas de dessin conscient donc il n’y a pas d’intention, même si c’est effectivement le cas. Je ne suis pas quelqu’un de très expressif, et mon personnage s’inspire d’Oskar du film Le Tambour, un enfant qui refuse de grandir et porteur d’une certaine gravité. Mais je peux aussi penser au nain Hans dans Freaks, à la fois un peu austère et naïf. Ces personnages ne sont pas forcément joyeux, ce qui ne les empêche pas d’avoir de la douceur, comme s’ils portaient un masque. Je pense faire un dessin d’émotion qui permet d’entrapercevoir ce jeu entre le montré et le caché, avec un rapport à la violence très indirect. Je dessine très rarement le monde et ce qui s’y passe, mais mes personnages y vivent et essaient d’y échapper. On retrouve quelque chose de l’ordre de la protection. Le masque a une dimension magique, qui permet à la fois de se montrer et de se protéger, de la même façon que le personnage du monstre est toujours assez bienveillant. Mais dans tous ces dessins il y a quelque chose qui gratte, ces personnages très doux ont un pet, un bout manquant.

Ces masques peuvent faire penser au film Les yeux sans visage (Georges Franju, 1960). Le visage de vos personnages compte-t-il ou est-ce une façade pour raconter autre chose ?

Cette question est compliquée car je n’ai pas voulu dessiner de masque. Pour moi il s’agit d’un visage répété à l’identique qui n’est pas expressif. Quelqu’un m’avait notamment dit que je dessinais des personnages émotifs sans expression. Refléter une émotion se joue sur un millimètre, à travers le déplacement des yeux ou la forme de la bouche, mais ce n’est pas forcément voulu. Il y a peut-être aussi une mélancolie qui ressort par cette forme d’expression. Mais le noir et blanc qui rappelle l’esthétique de l’Expressionnisme allemand me touche beaucoup, avec son côté théâtral à la fois dense, épuré et chargé d’intensité.

Pensez-vous votre texte comme un écho poétique à l’image ?

J’aurais au texte le même rapport que celui que j’ai à la poésie. Si on me parle de courant poétique, cela ne m’évoque rien, car je n’en lis pas. J’ai commencé à écrire des phrases quand j’ai découvert sur les réseaux sociaux ces citations toujours identiques. J’ai été alors un peu fasciné par ce vide. Tout le monde veut être artiste, tout le monde veut être connu. Entre la téléréalité et les réseaux sociaux, chacun veut avoir son heure de gloire, communiquer, se construire une image. Je me suis alors mis à rédiger de fausses citations, une façon d’écrire de la poésie tout en me protégeant. J’aime que mes titres restent énigmatiques pour que l’on puisse jouer avec. Le terme d’écho poétique me paraît juste, le texte peut résonner ou paraître plat, s’étirer selon la lecture, l’interprétation mais en aucun cas je n’ai envie qu’il ordonne, sonne comme une injonction ou soit purement descriptif.

COLLER : UNE PRATIQUE URBAINE

Pourquoi avoir choisi le collage comme medium pour s’exprimer dans la rue ?

Cela m’a paru évident car je ne pratique pas la peinture. J’ai utilisé des pinceaux pour la première fois lors de ma dernière exposition. Utiliser le collage était logique quand j’ai voulu aller vers la rue : il était à portée de mains et j’aimais le fait qu’il soit éphémère et disparaisse. De plus, j’en avais déjà fait plus jeune de petits collages papier c’était donc un outil que je connaissais. Il me permettait de choisir des murs abîmés pour les regarder positivement et en faire des murs vivants. Cela devient une limite à Paris, car il y en a de moins en moins.

Pourquoi avoir préféré coller des photocopies ?

Je ne me suis jamais posé la question de coller des originaux et quand je décris ce que je fais je parle de coller des dessins, pas de coller des photocopies même si c’est techniquement juste. Quand je lis un roman je lis un livre, je ne me dis pas que je suis en train de lire une reproduction de livre. A une époque je les donnais : je n’ai jamais pensé les coller. Je n’ai pas cet amour des codes et du sacrifice qu’on a voulu m’inculquer lorsque j’ai commencé à faire des expositions. On m’a expliqué que ce n’était pas bien de coller des photocopies, que je n’étais pas généreux, faisais de la publicité, du marketing. Cela m’a fatigué et rendu le milieu street art peu sympathique. Sans qu’il soit pire qu’un autre, il produit seulement – comme les autres – des codes, un esprit de compétition, n’y échappe pas. J’ai une culture du multiple, du fanzinat. Plus mes fanzines circulaient, plus j’étais content. Au début, frénétique, je collais à de nombreuses reprises la même pièce. C’est aussi pour cette raison, ce plaisir du mouvement, des multiples, que je réalise des sérigraphies, qui permettent que le dessin voyage et que plus de gens puissent l’avoir.

En quoi le temps joue sur votre pratique du collage ?

Le moment de la pose est toujours bon : il y a un rituel pour se préparer, sortir avec son collage, retrouver sur le parcours les plus anciens, les voir évoluer, bouger, disparaître, guetter la fatigue qui s’installe. C’est un point d’ancrage par rapport au jour, à la vie. Le moment de coller est assez précieux car on crée un autre instant à la journée, on cherche un mur, que l’on peut trouver ou non. C’est un plaisir teinté d’un état de joyeux masochisme de les voir évoluer car lorsqu’il est écrit sur une ancienne pièce « Dégage ! Tu n’as qu’à coller plus haut, on déchirera », cela peut être assez blessant. Nous sommes tous idiots avec notre petit ego, et il arrive que ça me chatouille un peu. Globalement, j’aime voir leur lente destruction sous l’effet du temps ou, le plus souvent, de l’œuvre humaine. Il ne reste parfois d’une pièce qu’un lambeau avec un œil perché en hauteur, trace un peu incongrue. Cela devient autre chose. En ce moment, je me suis mis à dessiner sur des encombrants, ce qui me permet de ne rien avoir à transporter. Le rapport au temps est ici encore plus expéditif car il m’est arrivé que le camion vienne charger les planches pendant que je dessine. C’est une pratique plus libre, plus spontanée, presque plus nombriliste car ces dessins ne sont pas vus.

En quoi la rue est-elle un espace de création particulier ?

Elle permet d’être plus léger que l’atelier. C’est un moment, un jeu, une promenade à la recherche d’emplacements. Si je dessine au marqueur il y a une action de « création » (mot excessif pour ce que je dessine au marqueur), mais avec les collages il s’agit plutôt de sortir mes dessins, de les promener à la recherche d’un emplacement, passer un temps, poser quelque chose. J’ai aussi constaté qu’elle permet d’avoir un rapport à l’autre complètement différent. Dans une exposition, les personnes se déplacent exprès, ce qui n’est pas le cas dans la rue. On va ainsi avoir des conversations avec des personnes à qui on n’aurait jamais parlé, qui s’expriment avec leur ressenti, sans avoir forcément de références culturelles. Elles parlent de mes collages d’une certaine manière en fonction du contexte dans lequel elles les ont connus et souvent leur retour parle autant du dessin que d’elles-mêmes. Il y a des interprétations, des dessins qui sont perçus comme joyeux alors que pour moi ils ne le sont pas, mais je trouve cela intéressant. Quand on me demande ce qu’ils racontent j’ai tendance à répondre « ce que vous voulez ». Il n’est pas essentiel de connaître ma vie d’alors, je trouve plus riche que l’on puisse s’inventer une histoire. Une personne m’avait écrit car elle allait visiter régulièrement son père malade dans un hôpital d’Angoulême, passant chaque fois par une rue dans laquelle je collais beaucoup à l’époque, car les fenêtres bétonnées offraient un cadre idéal. Alors qu’elle traversait un moment difficile, elle se remémorait à leur vue des souvenirs d’enfance, quand son père lui dessinait des chevaliers. La rue permet ce rapport plus direct, des regards différents d’un public d’exposition, plus préparé. Beaucoup de personnes qui viennent me voir lors de marchés ou d’expositions n’ont pas une grande culture artistique, ne cherchent pas à classifier mais seulement à me faire part de leur rapport à mes collages, la façon dont ils les rencontrent : cela me va très bien.

Considérez-vous l’Art urbain comme un mouvement artistique ?

Je suis très peu capable de théoriser, de définir et j’ai une culture assez limitée, donc je n’ai vraiment pas d’avis construit là-dessus. Un mouvement je ne sais pas, oui sans doute puisqu’il est très présent dans la rue et ailleurs, sans doute trop. Il suscite des passions, de l’investissement, du commerce et l’intérêt des puissants comme l’art l’a toujours fait. Mais faut-il appeler œuvre d’art chaque dessin, pièce présente dans la rue ? Je répondrais que non, et que c’est très bien comme ça. Cette explosion a permis à des personnes de s’amuser, de s’exprimer, à d’autres de se mettre à déambuler, se réconcilier avec la marche à la recherche de photos à prendre. Il y a une dimension autant sociale que purement culturelle.

Je crois que c’est dommage et inutile de systématiquement vouloir nommer des pratiques parfois débutées pour s’amuser. Comme je le disais plus haut, J’ai une culture musicale qui passe par le punk rock, qui porte en elle l’idée qu’il n’y a pas besoin d’être musicien pour jouer de la musique, pas besoin d’être écrivain pour raconter des histoires, tout en permettant d’exprimer une dimension graphique très forte à travers les fanzines et les pochettes de disque. La rue peut porter cette liberté, ce bouillonnement, tout comme son contraire si on la voit comme une tâche à accomplir pour atteindre une « visibilité ». Si l’art urbain est un mouvement, il englobe en tout cas bien des approches.

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Photographies: Fred le Chevalier

Vous pouvez retrouver Fred le Chevalier sur Facebook et Instagram.

Entretien enregistré en mars 2022.

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