Comment appréhendes-tu l’aspect éphémère de ton travail ?
Poétiquement parlant c’est très fort. Au début, je pensais que le collage n’abîmait pas les murs, ce qui n’est hélas pas le cas. Le fait que mes pièces disparaissent donne à mon travail encore plus de force, car tout le monde ne pourra pas les voir, et cela les rend donc plus précieuses, car plus rares. Par ailleurs, cela nous renvoie aussi à notre propre caractère éphémère. En tant que plasticien je travaillais sur la trace et la mémoire, et mes collages sont ainsi liés à ce précédent travail, à ces réflexions sur la silhouette, le support/surface ou l’intérieur/extérieur.
En commençant j’ai découvert le travail de Léo & Pipo. Lorsqu’une de leurs silhouettes disparaît, il reste des vestiges, des traces de papier et de colle, et les contours demeurant sur certains murs évoquent une présence fantomatique, qui conserve une charge émotionnelle très forte. Les affiches lacérées sont aussi une source d’inspiration. Quand on connaît Jacques Villeglé on finit par en voir partout. Il y a beaucoup d’œuvres dans les couloirs du métro.
Pourtant, même si cela ajoute une force aux collages, c’est toujours violent de les voir arrachés dès le lendemain matin. Il a donc fallu apprendre à gérer cet aspect émotionnel, ainsi que les risques de toyage.